A CELLE QUI EST TROP GAIE
Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beaux paysage;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.
La passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.
Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.
Ces robes folles sont l'emblême
De ton esprit bariolé;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime!
Quelquesfois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein;
Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.
Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,
Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,
Et, vertigineuse douceur!
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur!
Lady.Bou
marionette bricolée
Samedi 17 décembre 2011 à 23:38
Commentaires
Par Palladium le Samedi 17 décembre 2011 à 23:45
Pour le programme de français de première L, on a bossé sur L'Invitation au Voyage. La prof a demandé à ce qu'on lise Les Fleurs du Mal. Je crois que je suis tombée amoureuse des écrits de Baudelaire.
Par Dimanche 18 décembre 2011 à 16:11
le Baudelaire fait partie des incontournables du français au Lycée. J'ai 1 affection particulière pour Moesta et Errabunda, A une passante et Les Bohémiens en Voyage. J'aime bien aussi Tristan Corbière.
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